CRITIQUE : BLUE BAYOU
- Lux (@critiquedelux)
- 6 nov. 2021
- 2 min de lecture

SORTIE 15 SEPTEMBRE - DRAME - ETATS-UNIS - 118MIN
réalisé par JUSTIN CHON
avec JUSTIN CHON ALICE VIKANDER MARK O'BRIEN
Présentation Antonio LeBlanc, d’origine américano-coréenne, a été adopté et a passé sa vie dans un petit village du Bayou de Louisiane. Aujourd’hui marié à la femme de sa vie, Katy, ils élèvent ensemble Jessie, la fille de cette dernière, issue d’un premier lit. Alors qu’il travaille dur pour offrir ce qu’il y a de meilleur à sa famille, il va devoir affronter les fantômes de son passé en apprenant qu’il risque d’être expulsé du seul pays qu’il ait jamais considéré comme le sien. Blue Bayou est présenté dans la catégorie Un Certain Regard à Cannes et en compétition à Deauville.
BLUE BAYOU n’est malheureusement pas une simple fiction. C’est l’histoire de milliers d’enfants adoptés par des familles américaines qui, une fois l’âge adulte atteint, sont expulsés vers leur pays d’origine. Pour cause, l’absurdité de la politique américaine d’immigration et un vide juridique faisant des ravages.
Justin Chon, à la fois réalisateur et acteur principal de BLUE BAYOU, y incarne Antonio LeBlanc, un américain d’origine coréenne. C’est en Louisiane, où il a été adopté et a grandi, qu’il rencontre sa compagne Kathy, avec qui il élève la petite Jessie. Alors qu’il est en quête d’un second emploi pour subvenir aux besoins de sa famille qui ne devrait pas tarder à s’agrandir, Antonio est menacé d’expulsion vers la Corée du Sud.
Si Justin Chon est principalement connu pour son rôle dans Twilight, il rompt une fois de plus avec l’Hollywood qui l’a révélé, pour nous livrer un drame intense et bien rythmé, à l’esthétique affirmée. Seulement, quelque chose sonne faux dans BLUE BAYOU ; bien que nous ne puissions nier la qualité de la réalisation, il faut reconnaître que celle-ci souffre de sa surcharge émotionnelle. Plans rapprochés, larmes et violons sont autant d’artifices dont Justin Chon abuse. A force de trop vouloir provoquer l’émotion, le réalisateur nous en dépossède. La justesse du jeu d’acteur compense ces maladresses et lourdeurs, tout particulièrement dans la seconde partie du film, malgré un développement tardif de la psychologie des personnages. Ce manque de finesse et de profondeur est à déplorer, d’autant plus qu’on ne demande qu’à se laisser embarquer dans ce combat acharné contre l’injustice.

Pourtant, qualifier BLUE BAYOU de mélodrame paraît déplacé – car ce sont bien de milliers de vies brisées et de familles séparées arbitrairement dont on parle. Justin Chon a le mérite de faire la lumière sur ces expulsions abusives et injustifiées, encore méconnues du grand public. S’ajoutent à cela des problèmes emblématiques de notre société actuelle : violences policières, violences intrafamiliales, ou encore racisme ordinaire. En abordant ces sujets, Justin Chon contribue à nous faire reconnaître et accepter la réalité de ces violences et, dans un second temps, on l’espère, délier les langues des personnes qui en sont victimes. La troisième étape étant, évidemment, d’obtenir justice pour elles.
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