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Photo du rédacteurThibault (@lecinemadethibault)

Critique Close



Sortie 1 Novembre 2022 - Drame / Belgique France - 1H45

Réalisé par Lukas Dhont Avec Eden Dambrine / Gustav De Waele / Emilie Dequenne / Léa Drucker

 

Le cinéma à sa quintessence !!

Lukas Dhont est un sacré phénomène à lui tout seul. Pour son premier long métrage, Girl, il reçoit au Festival de Cannes 2018 la Caméra d’Or, qui récompense le meilleur premier film. Il revient à Cannes en 2022 avec Close, et reçoit pour son deuxième long métrage le Grand Prix du Jury. Le tout à 31 ans.

Léo et Rémi, deux amis inséparables partagent tout : les mêmes jeux, les mêmes rires, les mêmes repas, une fois chez l’un, une fois chez l’autre, jusqu’aux nuits qu’ils passent ensemble dans le même lit… Avec l’entrée au collège, ils arrivent à un moment charnière de leur vie. Pour la première fois, ils vont se confronter à un jugement de valeur sur leur relation, aux doutes ou soupçons de leurs camarades. L'un des deux, poussé à la fois par l'adolescence qui point, et par le virilisme qui s'empare de quasiment tous les faibles garçons, se détache de l'autre. Là où l’héroïne de Girl devait trouver un moyen de convaincre avec ses mots qu’elle ne peinait pas à sortir, ici, ce ne sont que des enfants, qui ont peur des reproches, peur de la solitude et peur de sauvegarder l’amitié à tout prix. Leur armure imaginaire se fissure et il ne restera plus que les mères pour panser leurs plaies, visibles au-delà de leur vitalité.



 

Après Girl, il se penche à nouveau sur l'adolescence et le poids du regard des autres, entre jugement et interprétation mal attentionnée.

Le réalisateur plonge ses deux héros dans un décor de campagne et de champs de fleurs où la délicatesse et la bienveillance familiale dominent. La fraîcheur des images, la beauté de la photographie tranchent avec la brutalité de ce récit de l'innocence assassinée, d'une culpabilité écrasante interdisant au chagrin de s'exprimer. La marque de fabrique de ce grand cinéaste que devient Lukas Dhont est une sensibilité assumée, revendiquée, portée.

Léo s’enferme inconsciemment dans un modèle de virilisme, dont il ne ressortira pas indemne. La brutalité qu’il emprunte à une activité sportive viendra renforcer sa position, derrière des barrières sociales qui l’entrave d’une liberté pourtant acquise, mais dont la vision se trouve également occultée par une naïveté qu’il ne parvient pas à assumer.


 

Dans Close, Dhont en fait dire plus à ses personnages par le regard que par la parole. L’émotion s'installe ici dans les silences et les non-dits. La relation fusionnelle des deux pré-adolescents est filmée avec une vraie pudeur, sans cliché. Cette façon virtuose de filmer l’enfance blessée, volée, cassée est unique et forte comme jamais.

Il y a une vraie synergie entre les décors et la photographie. Entre la chambre de Rémi, les champs, la patinoire ou le sous-sol, tout est magnifique. Less plans de courses dans les champs de fleurs sont particulièrement superbes.


Lukas Dhont a vraiment l'art de choisir ses vedettes principales, on l'avait remarqué avec Girl dont Victor Polster était l'âme pure. Eden Dambrine et son regard qui perce. La caméra joue avec son visage, son corps, et cherche sans arrêt à le sublimer. Ce qui paraît presque facile, tant sa beauté est naturelle. Il est tout à la fois complexe et incroyable de naturel. Il porte le film avec une force et une sensibilité rare.

 

De la difficulté de l'amitié masculine, de la relation à l'autre, du lien brisé, de la relation à la mère, du non dit... Dhont capte les silences de la culpabilité. Drame solaire.


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