SORTIE 29 SEPTEMBRE - DRAME - FRANCE/BELGIQUE/LUXEMBOURG - 118MIN
réalisé par JOACHIM LAFOSSE
avec LEILA BEKHTI DAMIEN BONNARD GABRIEL MERZ CHAMMAH
Présentation Leila et Damien s’aiment profondément. Malgré sa fragilité, il tente de poursuivre sa vie avec elle sachant qu’il ne pourra peut-être jamais lui offrir ce qu’elle désire. Le film est présenté en compétition à Cannes. /!\ DISCLAIMER, LÉGERS SPOILS SUR L’HISTOIRE /!\
Lors de l’avant-première des Intranquilles au Champs-Élysées Film Festival, le réalisateur Joachim Lafosse lors de la présentation du film disait : « J’ai la chance de pouvoir parler de ma vie dans mes films sans que cela ne paraisse trop égocentrique ». Le belge, d’une grande humilité, a réussi à transmettre au public toute l’émotion qu’il a voulu mettre dans son long-métrage.
Première scène, moment en apparence convivial en famille où commence à apparaître les problèmes de cette dernière sans qu’ils n’explosent, le calme avant la tempête.
Traiter de la bipolarité au cinéma peut s’avérer être une grosse prise de risque, néanmoins, Lafosse utilise son histoire personnelle (son père était atteint de la maladie) afin de rendre crédible son histoire. Le réalisme du film est assez criant, que ce soit des disputes de famille aux crises de Damien.
La mise en scène, simple mais très efficace, laisse de la place aux dialogues et permet aux trois comédiens principaux de briller à l’écran. Leïla Bekhti est absolument géniale dans ce rôle, aussi touchant qu’électrisant, de mère de famille aimante mais qui ne parvient plus à mener un semblant de vie « normale ». Damien Bonnard, lui, excelle. L’intensité qu’il met dans son jeu est remarquable, pourtant empreint de beaucoup de simplicité. Gabriel Merz Chammah tient tête à ses parents et réussit à son très jeune âge une performance qui tient la route.
Les Intranquilles ne juge pas ses personnages. Ils ne sont pas parfaits, toutefois, ils essaient tous les trois de s’en sortir, essayant de résister à leur manière à leurs problèmes. Les soucis de famille se décupleront rapidement lorsque le réel fera une nouvelle irruption dans le récit : la crise du Covid-19.
Leïla doit s’occuper de son mari malade et de son fils, mais s’oublie, ne vivant plus que pour les autres.
Damien, bipolaire, est hyperactif, colérique, changeant, drôle mais surtout profondément humain. Il veut être là pour les autres, cependant sa hantise d’un retour à l’hôpital l’emmène dans un cercle vicieux où il n’arrive plus à prendre ses médicaments. Il commence peu à peu à rejeter sa femme, qu’il tient responsable de ses malheurs.
Et au milieu de tout cela, la victime collatérale : leur fils Amine. Le jeune garçon doit essayer de vivre tout en supportant les regards des autres, de ne pas craquer quand ses parents se disputent et dans le même temps devenir grand.
« Tu dois pas avoir honte, Amine »
Qu’est-ce que c’est que la normalité ? Lafosse considère qu’aucune famille n’est véritablement normale, que ce qui compte c’est d’être heureux ensemble comme l’illustre parfaitement cette scène dans la voiture où l’on chante à tue-tête sur Je M’enfuis. Comme un air d’accepter ses différences mais d’essayer de faire avec.
S’aimer n’est pas toujours suffisant, l’amour devient source de souffrance, de colère et ne peut pas contenir éternellement toutes les angoisses. La bienveillance devient de la paranoïa, les repères sont plus flous et ce qu’on pensait être acquis ne l’est peut-être finalement pas.
Les personnages sont tous enfermés, bloqués sans pouvoir s’émanciper. La force du long-métrage est de rendre à l’image un moment encore gravé dans les mémoires en se le réappropriant et proposer sa propre lecture de la vie de famille en confinement.
Les Intranquilles est alors un drame profondément humain, à la fois drôle, triste, impressionnant et touchant qui essaie de ne pas tomber dans un mélodrame facile mais qui au contraire arrive à capter l’attention dans des scènes qui peuvent paraître anodine, comme la scène de danse ou de peinture accompagnée de « Mes Amours. »
Sûrement l’un des meilleurs films français de l’année.
Le film de Joachim Lafosse est dense sur un sujet complexe. c’est dommage qu’il ne rencontre pas son public