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Photo du rédacteurThibault (@lecinemadethibault)

Critique Mascarade


Sortie 1 Novembre 2022 - Comédie Dramatique / France - 2H14

Réalisé par Nicolas Bedos Avec Pierre Niney / Marine Vacth / Isabelle Adjani / François Cluzet

 

Arnaques, quiproquos et chantages sous le soleil de la Côte d'Azur.


Le cinéma de Nicolas Bedos est décidément toujours aussi réjouissant. Après Monsieur et Madame Adelman et La Belle Époque, sans parler du troisième OSS117, un impersonnel film de commande, le voici au sommet de son talent avec un film d’un romantisme échevelé, d’une drôlerie acide, d’un machiavélisme diabolique et d’une folle énergie.

Lorsqu’un jeune gigolo tombe sous le charme d’une sublime arnaqueuse, c’est le début d’un plan machiavélique sous le soleil brûlant de la Côte d’Azur. Les deux amoureux sont-ils prêts à tout pour s’offrir une vie de rêve, quitte à sacrifier celle d’une ancienne gloire du cinéma et d’un agent immobilier ? "A sunny place for shady people", en citant Somerset Maugham en ouverture de son film Nicolas Bedos prévient.


 

Il tient à la complexité de l’intrigue qui s’enrichit d’un ultime rebondissement et à l’épaisseur des personnages, jusqu’aux plus secondaires comme le rôle d’une ancienne maîtresse d’Adrien, séduite quand elle était la propriétaire établie d’un palace puis quittée une fois ruinée ou celui de l’épouse vieillissante et trompée de Simon.


Comme dans La Règle du jeu de Jean Renoir, tout le monde a ses raisons dans Mascarade. Aucun personnage n’est tout blanc ni tout noir. Soit une défilade de personnages qui, chacun à sa manière, remettent en question leur identité ou jouent avec cette dernière de manière consciente ou non, voulue ou non : un gigolo s’improvise auteur et devient l’amant d’une belle et farouche séductrice, jusqu’à se substituer au père absent ; une actrice cultive sa gloire passée qu’elle échoue en partie à actualiser et s’entoure d’écrans et d’images susceptibles de la rajeunir le temps d’une projection ; un promoteur immobilier marié tombe sous le charme d’une Anglaise expatriée en France et redécouvre la jouissance d’aimer… Tous se font manipulateurs et manipulés, selon la dynamique arroseur-arrosé bien connue.



 

Bedos compose une œuvre dans laquelle la mise en abyme est constante : il suffit de voir le montage parallèle entre les demandes officielles ou les repas en famille tantôt strictement théâtraux (devant public) tantôt théâtraux par l’interprétation de rôles définis (dans l’espace privé), pour saisir l’envie du réalisateur d’incarner à l’image la duplicité thématique. Le plan sur l’actrice se regardant dans la glace et y percevant, comme par enchantement, une salle comble n’est pas sans rappeler l’obsession du paraître qui anime la marquise de Merteuil dans le roman de Laclos. Chaque scène est tournée de sorte à avoir son importance dans le récit pour arriver à une conclusion renversante.

Marine Vacth, révélée depuis plus de dix ans par François Ozon, mais encalminée dans des seconds rôles, trouve ici peut-être le rôle qui fera rebondir sa carrière. Elle y est tour à tour sublime, indomptable, fragile et bouleversante en diablesse à la gueule d'ange qui incarne une version féminine d'Alain Delon dans Plein Soleil.


 

Isabelle Adjani interprète sans détour avec autant d'émotion que d'humour, une actrice sur le déclin. Elle apporte beaucoup de vérité dans son jeu, comme elle l'a toujours fait. C'est nuancé, subtil, un brin théâtral parfois, mais toujours savoureux et incarné. L’actrice a le culot de s’auto-parodier en diva hystérique et cougar, rongée par la peur de vieillir.

Cette romance aux senteurs d'été meurtrier avec zeste de Sunset boulevard dépeint une région de lumière avec des personnes plus obscures, qui ont soif de cupidité. Cette cupidité les aveugle et montre jusqu’où ils peuvent être prêts à aller pour étancher leur soif.

Dans cette mascarade, qui porte le masque ?

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