CRITIQUE : RIDE YOUR WAVE
- Hugo (@__cinemaccro__)
- 10 sept. 2021
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 25 sept. 2021

SORTIE 1ER SEPTEMBRE - ANIMATION/FANTASTIQUE/ROMANCE - JAPON - 95MIN
réalisé par MASAAKI YUASA
avec les voix de RYOTA KATAYOSE RINA KAWAEI HONOKA MATSUMOTO
PRESENTATION Hinako, une jeune fille passionnée de surf, déménage dans une ville balnéaire. Lors d'un incendie, elle est sauvée par un pompier nommé Minato. De cet incident va naître une incroyable fusion entre deux êtres que tout oppose. Mais Minato, jeune débutant surfeur, se retrouve un jour englouti par la mer. Alors que tout le monde tente de surmonter sa peine, Hinako s'accroche à l'esprit de son ami, qui rejaillit dans sa vie sous forme d'eau... Commence alors un nouveau chapitre de leur romance. Ride Your Wave fait partie de la sélection du festival d'Annecy et du PIFFF.

Les lumières s'éteignent, l'écran s'allume et le logo de la boîte de production de Makoto Shinkai s'affiche à l'écran. Cela ne nous permettait que d'imaginer du bon quand on connaît la qualité des films de ce dernier (5cm par Seconde, Your Name, Les Enfants du Temps) mais on déchante très vite en voyant le premier plan du film tant l'animation fait peine à voir. Ayant déjà des doutes mineurs quant à celle-ci mais allant quand même voir le film avec toutes les bonnes intentions du monde, ce premier plan a été une véritable douche froide. Ma seule pensée à ce moment-là a été "qu'est-ce que c'est laid !".
Alors bien sûr, on ne juge pas un long-métrage sur un plan, et on pouvait supposer que l'animation allait s'améliorer au fur et à mesure et proposer peut-être quelques scènes sublimes. Ceci est à moitié vrai car même s'il est vrai que le film offre de très belles scènes visuellement, l'animation reste elle, ratée dans sa globalité.
Le film se veut être moderne et essaie de proposer une animation contemporaine mais s'il y a bien une chose que l'animation japonaise nous a montré c'est que l'on fait toujours mieux en s'appuyant sur la savoir faire local. On est ici loin des chefs d'œuvres d'Hayao Miyazaki, avec des traits de personnages assez approximatifs et une semi-3D qui ne semble pas bien maîtrisée. Et quand bien même on se tournerait vers des films plus récents, l'animation de Yuasa n'atteint jamais celle de Shinkai par exemple. Mais passons ce détail, le film n'est pas composé que d'animation et des films comme Josée, le Tigre et les Poissons cette année nous a déjà surpris en proposant un film beau et juste dans ses émotions malgré une animation parfois limite.

La première partie du film est une romance, somme toute assez clichée et basique, qui pose néanmoins bien les bases en appuyant sur des éléments importants de l'intrigue comme la chanson Brand New Story dont on aura l'occasion de reparler du film.
Comme mentionné dans le synopsis, un des deux amoureux meurt et cette personne n'est autre que Minato. On se dit que le film va enfin se tourner vers quelque chose de plus sombre et nous offrir une belle réflexion sur le deuil et sur les difficultés à surmonter celui-ci mais le film va au contraire s'enfoncer dans son aspect comique et ainsi rater ce qu'il entreprend avec cette mort.
En effet, Hinako va pouvoir appeler son défunt petit ami en chantant la fameuse chanson Brand New Story. Celui-ci apparaît à ce moment-là dans n'importe quel endroit à la seule condition qu'il y ait de l'eau (puisqu'il apparaît dedans). Ce postulat pourrait être intéressant à traiter et apporter un joli message (ce qu'il fait plus ou moins) mais Ride Your Wave est un film qui se trompe complètement de ton et qui par conséquent crée au mieux du ridicule ou au pire du malaise. Ainsi Hinako se balade dans la rue avec une bouteille d'eau à qui elle parle, ou avec un marsouin gonflable rempli d'eau qu'elle tient par la main. Elle voit son petit ami dans l'eau mais les autres non, et c'est là un des grands problèmes du film car cela crée un décalage constant qui, au lieu de faire rire le spectateur, ne va réussir à ne le mettre que mal à l'aise.
Le malaise atteint son summum quand le film va jusqu'à faire des sous-entendus sexuels avec son petit ami alors qu'il est apparu dans le marsouin gonflable.
D'ailleurs, le film souligne ce ridicule de lui-même dans une scène où Hinako parle à Minato dans une cuvette de WC et que lui-même lui fait la remarque.
La chanson est tellement employée à outrance et dans des situations improbables que cela en devient un mauvais running gag d'autant plus que Minato apparaît souvent en faisant le fameux signe des surfeurs qui n'est pas sans nous rappeler ce très cher Brice de Nice (ça fart ?) et qui enlève tout le charme que pourrait avoir cette intrigue scénaristique.

Ride Your Wave propose également des évènements critiquables d'un point de vue éthique, comme une intrigue avec le meilleur ami de Minato, ce qui le rend plus que limite par instant.
Cependant, alors que tout espoir semblait perdu, Ride Your Wave offre une fin plus que convenable, offrant premièrement dans la scène de l'immeuble de très bonnes idées de mise en scène avec notamment des parallélismes habillement placés et une animation étonnamment soignée. Le film arrive même à offrir des dernières scènes puissantes en termes d'émotions mais qui malheureusement ne fonctionne pas. En effet, le fait d'avoir raté la partie dont nous parlions précédemment sort le spectateur du film et crée un détachement vis à vis des personnages si bien que l'on ne s'attache pas vraiment à eux (ou du moins pas autant que le film l'aurait voulu). Donc, on ne ressent malheureusement que très peu d'émotions devant les scènes finales en raison de ce détachement, ce qui est dommage car on sent et on comprend leur puissance par rapport aux événements du film. On aurait aimé les apprécier jusqu'au bout mais malheureusement, Yuasa se trompe de ton pendant au moins le tiers de son film ce qui nous empêche la possibilité d'être en communion et en pleine empathie avec son personnage et de pleinement apprécier ces scènes.

Ride Your Wave est donc un film prometteur sur tous les points qui ne fait (quasiment) que décevoir son spectateur. Le fait que le film se trompe de ton sort le spectateur du film et gâche son identification aux personnages. Le film propose néanmoins un message intéressant sur le deuil en évoquant une certaine forme de déni constant mais passe à côté de quelque chose de grandiose quand on voit le postulat de base.
Comments