top of page

JULIE : CRITIQUE ET ANALYSE EN 12 CHAPITRES

  • Photo du rédacteur: Hugo (@__cinemaccro__)
    Hugo (@__cinemaccro__)
  • 17 oct. 2021
  • 25 min de lecture

Dernière mise à jour : 18 oct. 2021



SORTIE 13 OCTOBRE - DRAME/ROMANCE/COMEDIE - NORVEGE/FRANCE/DANEMARK/SUEDE - 128MIN

réalisé par JOACHIM TRIER

avec RENATE REINSVE ANDERS DANIELSEN LIE HERBERT NORDRUM

Présentation Julie, bientôt 30 ans, n’arrive pas à se fixer dans la vie. Alors qu’elle pense avoir trouvé une certaine stabilité auprès d’Aksel, 45 ans, auteur à succès, elle rencontre le jeune et séduisant Eivind. Julie (en 12 chapitres) est présenté en compétition en Cannes où Renate Reinsve remporte le prix d'interprétation féminine. CETTE CRITIQUE CONTIENT DES SPOILERS MAJEURS SUR L’INTRIGUE DU FILM

Ceci est une critique en 12 chapitres, un prologue et un épilogue

Prologue : Après une présentation du film par le réalisateur Joachim Trier et son actrice principale Renate Reinsve tous deux présents en France en raison du festival de Deauville, nous avons pu découvrir en avant-première Julie (en 12 chapitres). C’est un film qui m'intriguait autant qu’il me faisait envie, n’ayant vu que des retours positifs suite à sa diffusion cannoise. Je suis allé à cette séance avec une profonde méconnaissance du cinéma norvégien, n’ayant vu aucun film du réalisateur et ne connaissant aucunement son style. J’ai depuis vu tous les films de la trilogie Oslo en présence de ce même Joachim Trier et je peux désormais l’affirmer haut et fort : son chef d'œuvre s’appelle Julie (en 12 Chapitres). Je m'attendais à quelque chose de qualitatif mais je ne m’attendais certainement pas à une telle claque, et avec le recul je pense ne pas exagérer en disant que je suis tombé amoureux de ce film et je vais vous expliquer pourquoi, en 12 chapitres.

Chapitre 1 : Un film qui parle à plusieurs générations Certaines choses transcendent les barrières de la langue, les sentiments, les émotions, ces choses que l’on a vécu et que l’on connaît bien car ils sont ancrés dans la culture commune d’une génération. C’est un sujet qu’aborde Julie (en 12 chapitres). D’une part avec des sentiments universels, tout le monde s’est déjà senti perdu dans sa vie, ne sachant pas trop quelle voie emprunter, tout le monde a déjà été amoureux, a déjà ressenti du désir, de l’envie. Et en ça le film peut plaire à tout le monde, tout le monde peut se retrouver en Julie ou en n’importe quel personnage. Mais ce n’est pas tout car d’autre part, Julie (en 12 chapitres) choisit d’aborder un amour intergénérationnel avec une différence d’âge de 13 ans entre Julie et Aksel. Ce choix permet de poser plusieurs questionnements, différents selon les protagonistes. On les retrouve grâce au chapitre 1 Les Autres , chapitre dans lequel le couple rend visite à des amis d’Aksel, marié et avec des enfants. Cette situation n’aura de cesse de mettre mal à l’aise notre personnage principal qui ne se sentira jamais vraiment à sa place dans ces vacances et qui se disputera souvent ou créera des disputes. On observe alors malgré l’amour, des difficultés qui se présentent pour notre couple à commencer par la différence dans les questionnements que les deux intéressés ont. Lui, du haut de ses 43 ans, pense à perpétuer le cycle de la vie et à suivre l’image de ses amis et avoir tandis qu’elle, ne souhaite pas d’enfant dans l’immédiat et cherche d’abord à accomplir quelque chose de concret dans sa vie. Ce n’est cependant pas le seul revers du couple Julie/Aksel puisque les choses vont encore plus se compliquer dans le chapitre 2...

Chapitre 2 : Un coup de génie “L'actuel règlement du festival autorise le cumul du prix du scénario avec un prix d'interprétation, sur dérogation du président du festival”. Ceci est un extrait de la page Wikipédia “Prix du Scénario du Festival de Cannes”, vous l’aurez compris, ce chapitre de ma critique parlera de cette maestria d’écriture de Joachim Trier et Eskil Vogt. Car même si Drive My Car est à la hauteur de son scénario (excellent), il faut se rendre à l’évidence : Julie (en 12 chapitres) est bel et bien le meilleur scénario de ce Cannes 2021. La plupart des pronostics le donnaient gagnant dans cette catégorie et j’avoue ne pas comprendre le choix du jury. Loin de moi l’idée de me plaindre du fait que Renate Reinsve (dont nous parlerons dans le prochain chapitre) soit reparti avec le prix d'interprétation et que les deux scénaristes n’aient pas été récompensé mais il est en revanche légitime de se plaindre du fait que la dérogation n’est pas été invoquée car Julie (en 12 chapitres) méritait assurément ces deux prix. Mais revenons au scénario en lui-même, je vous parlais dans le chapitre précédent du chapitre 2 dans lequel tout se compliquait. C’est le chapitre où Julie rencontre Eivind, l’homme qu’elle pour qui elle quittera plus tard Aksel. Si je consacre une partie à ce chapitre c’est qu’il s’agit d’un véritable coup de génie et mon préféré du film. Le chapitre se nomme Infidélité mais à l’intelligence de faire tout l’inverse. Car quand Julie s’incruste dans une fête, elle rencontre Eivind pour qui elle ressent immédiatement un désir clairement réciproque. “Problème” pour les deux jeunes gens, ils sont tous les deux engagés dans une relation avec des personnes qu’ils aiment et qu’ils refusent de tromper. Mais comment exploiter le désir qu’ils ont l’un pour l’autre dans ce cas-là ? En exploitant tout ce qui est possible sans franchir la limite de l’infidélité, ainsi, pendant toute une nuit Julie et Eivind vont expérimenter sans jamais franchir la limite de l’infidélité en créant de magnifiques scènes visuellement parlant (comme la fameuse scène de la cigarette) mais aussi drôle et touchante dans les émotions qu’elles véhiculent. Et le film est à l’image de ce chapitre, il repose sur un scénario tellement fort que la mise en scène ne pourrait juste servir d’illustration sans que ça n’impacte sa qualité. La vérité est que les deux scénaristes nous proposent des choses que l’on a sûrement jamais vu au cinéma mais cela fera l’objet d’un autre chapitre. La puissance et la justesse des dialogues est également à saluer tant le film marche sur un fil et les dialogues des chapitres à forts enjeux (je pense notamment au 5) auraient pu être, dans le pire des cas, ridicules mais résonnent avec une force impressionnante qui ne peut que créer l’émotion. Car oui, une des caractéristiques de ce film est de déclencher de très fortes émotions, l’expression “passer du rire au larmes” aurait pu être inventée pour lui. Si le film arrive à susciter plusieurs fois le rire, il n’en est pas moins (au contraire) des larmes. Il est compliqué de sortir de la salle sans être encore sous le coup de l’émotion tant ce film est d’une beauté et d’une tristesse infinie. La maladie est un sujet toujours délicat, trop utilisée pour tirer sur le pathos mais celle d’Aksel, bien qu’introduite assez brutalement et soudainement dans le chapitre 10 Un Malaise dans la Culture est en fait signe de rapprochement avec Julie. La maladie passe limite en second plan, le chapitre 11 et 12 se concentrant sur la relation entre nos deux protagonistes et laissant toute place aux dialogues pour faire leur effet. On se focalise donc ainsi sur les propos d’Aksel et non son état physique, ce qui rend ces chapitres magnifiquement tristes étant donné les propos d’Aksel et la relation dans ce triangle amoureux (dont nous parlerons ultérieurement). Mais un bon scénario n’est rien sans un bon interprète et c’est le cas ici puisque Joachim Trier a trouvé la personne parfaite pour endosser ce rôle.

Chapitre 3 : Renate Reinsve “Ils nous attendent à Bla”, voici les quelques mots que prononce Renate Reinsve dans Oslo 31 août. Dix ans après, l’actrice de 33 ans se retrouve dans le premier rôle de la conclusion de cette trilogie Oslo et surtout, repart avec le prix d’interprétation féminine du Festival de Cannes 2021. L’histoire n’en est que plus belle, puisque la jeune femme pensait à mettre en pause sa carrière de comédienne lorsque Joachim Trier l’a recontacté et a écrit ce film pour elle “elle a tourné dans pas mal de films mais jamais dans un premier rôle, alors j’ai décidé de lui en écrire un”. Une actrice qui selon le réalisateur "possède cette combinaison rare de légèreté et de profondeur” et qui a également “le même talent énorme pour la comédie et le drame”. Avoir le plaisir de contempler le jeu Renate Reinsve dans ce film est une véritable bénédiction. Lors de la présentation du film, elle se remettait du covid et était encore un peu faible mais cela ne l’a pas empêché de faire rire la salle et de transmettre sa bonne humeur contagieuse. C’est assurément une des forces de Renate Reinsve, son sourire donne envie de sourire, son rire envie de rire et ainsi de suite si bien que lorsque le film commence, on ne peut qu’être en empathie et en synchronisation avec le personnage de Julie tant son interprète est formidable. Les chapitres et les ressorts comiques (plutôt au début) reposent essentiellement sur elle (comme la totalité du film) et elle assume clairement cette position. Renate Reinsve vient aisément surpasser des acteurs comme Anders Danielsen Lie 42 ans, présent depuis Reprise (ou Nouvelle Donne) et dans tous les films de cette trilogie. Mais au-delà de cette bonne humeur et comme le souligne si bien le réalisateur, la dernière lauréate du prix d’interprétation cannois a aussi un talent pour le drame, talent qu’elle exploite ici à merveille créant une émotion incroyablement puissante en particulier dans les chapitres où Julie est en position délicate (on peut citer le 5, le 11 et le 12 notamment). Il se dégage une telle sincérité dans son jeu que l’on en vient presque à oublier qu’elle interprète un personnage. La complexité de Julie repose entièrement sur elle et si cela avait été une autre, le fil sur lequel marche le film aurait probablement craqué, créant ainsi un potentiel manichéisme où Julie serait littéralement The Worst Person in the World mais il n’en est rien. Contrairement au titre du chapitre 5, le timing était bon, les planètes se sont alignées et ont permis à cette formidable actrice de ne pas mettre sa carrière en pause tout en étant l’élément qui sublime le film.

Renate Reinsve et son prix d'interprétation

Chapitre 4 : Leçon de vie On l’avait déjà un peu abordé mais Julie (en 12 chapitres) aborde des thèmes absolument universels. On est tenté de dire à première vue que le film symbolise la complexité des relations amoureuses, ce qui n’est en soit pas faux, mais il a l’extrême intelligence d’aller au-delà de ça et d’aborder la vie. Ça peut faire un peu pompeux dit comme ça mais ce film représente à merveille la vie et sa complexité. Mais la complexité n’est pas l’objet de ce chapitre ici, on va plus aborder les sujets que le film traite. Il est impossible que vous soyez insensibles à ce film pour la simple et bonne raison que vous allez forcément vous retrouver dans un des thèmes. Dès le prologue, Julie change 2 fois de voie professionnelle et ces changement sont aussi associés à un autre changement : le changement de partenaire. Dès le prologue, le film annonce clairement ses intentions de parler au spectateur, en présentant certes son personnage principal et son côté indécis, mais également en voulant créer des situations qui pourraient susciter l’identification. Beaucoup d’étudiants décident de prendre un virage et de changer de filière, beaucoup de personnes ne savent pas forcément ce qu'elles veulent en amour et changent souvent de partenaires. Mais ce n’est pas les seuls thèmes de la vie qu’aborde Julie (en 12 chapitres), on retrouve même chez les personnages posés et globalement sûrs d’eux, un doute constant. C’est le cas du personnage d’Aksel, duquel découle quasiment tout le propos de ce chapitre. Bien qu’étant un auteur de BD renommé, il ne cessera d’être mis face à différents problèmes comme sa reconstruction professionnelle avec le succès du Linx, sa rupture amoureuse avec Julie, ses propos polémiques à la télé ou encore sa maladie qui se dévoile dans les derniers chapitres. Ayant vu le film deux fois, j’ai été frappé d’à quel point ma perception du film et de ses sujets a évolué en seulement 1 petit mois, surtout au niveau de la santé et des sentiments. Une des grandes forces de ce film est que peu importe l’époque où il est regardé, il apportera toujours un autre regard sur la vie du spectateur. Car oui, on vit, on vit des événements, heureux, tristes, contrariants, satisfaisants, dévastateurs, et il est très compliqué de ne pas trouver un écho à quelconque événement dans Julie si bien que le film peut aisément servir de thérapie ou au contraire faire souffrir son spectateur. Plus que jamais l'expérience est personnelle, s’il est obligatoire d’être touché par le film, tout va dépendre du vécu et du stade de la vie auquel on est et au stade de réflexion auquel on est. Malgré mon jeune âge, j’ai été absolument touché et transporté par les sujets qu’aborde le film, qui m’a mis face parfois à des choses que j’aurais préféré laisser enfouies mais une chose est sûr : j’ai plus que hâte de revoir ce film dans 10 ans, lorsque je m’approcherais de l’âge de Julie étant donné à quel point il peut me toucher à seulement 17 ans.

Chapitre 5 : Une esthétique constamment juste et magnifique Il est impossible de ne pas commencer cette partie en parlant d’autre chose que de la pellicule. Nous sommes à une ère où le numérique semble établir sa suprématie et choisir la pellicule (en l'occurrence le 35mm) n’est pas anodin. Depuis la réouverture des salles, on assiste à la sortie de blockbusters américains qui avaient été bloqués par la pandémie et ce qui frappe dedans est à quel point ce n’est qu’un ramassis de CGI dénué de tout sens et de toute esthétique. On peut citer des films comme Black Widow, Space Jam 2 ou encore Free Guy mais de par sa démarche de tourner en pellicule, Joachim Trier va aller à l’encontre de cela. En effet, le film cherche à se créer une identité de par ses visuels, la façon dont il expose ses cadres et le fait que les effets pratiques soient privilégiés. Le film annonce la couleur dès son premier plan : un travelling vers Julie visiblement à un évènement assez chic avec un paysage urbain en fond. Le fait est que la photographie est assez naturelle sans pour autant vouloir s’ancrer dans le naturalisme. En effet, même si elle l’est sur ce type de plan (on peut aussi penser à la continuité de cette intro lorsqu'elle quitte cet événement et qu’elle se retrouve à contempler Oslo par exemple), l’esthétique à l’intelligence de déroger à ce naturalisme lorsque cela l’exige. On pense naturellement au chapitre 5 où la ville s’arrête littéralement suite à un jeu de lumière ou encore la scène du trip, où l’on se concentre uniquement sur les protagonistes grâce à ce fond noir qui efface tout autour. Ce qui est assez formidable avec Julie (en 12 chapitres), c’est que l’on pourrait s’attendre à un film assez cliché et convenu en voyant les premières images et l’affiche mais qui a l’intelligence d’aller baigner dans un cinéma qui n’est pas son propos de base : le cinéma de genre. En faisant appel au fantastique sur les différentes scènes dans lesquelles il le fait, le film arrive à nous plonger dans un autre révélant bien l’état d’esprit des personnages au moment où ces scènes interviennent. Pour reprendre la scène du chapitre 5, le fait que le fantastique ici peut avoir plusieurs significations, dont nous reparlerons ultérieurement dans un prochain chapitre et bien qu’une des explications soit plus probable que l’autre, le plus important ici à retenir est le sens. L’esthétique est avant tout sensée, ne trahissant jamais le propos et servant en permanence le scénario et la mise en scène. Il est impossible de lui trouver un reproche tant elle est juste et tant le travail est remarquable.

Chapitre 6 : Une mise en scène brillante


Dans les plupart des plans, la mise en scène s’accorde avec l’esthétique, très impressionnante de par son étonnante sobriété et simplicité. Sobre et simple ne veut pas dire mauvais et Joachim Trier le démontre ici, et prouve qu’en montrer peu suffit à en faire beaucoup. La mise en scène dans la plupart des scènes n’a qu’à se mettre au service des dialogues pour être digne d’un grand film mais elle ne va pas s’arrêter là. On retrouve en effet ponctuellement des idées qui s'apparentent presque à du génie par moment. On sent l’influence de cinéastes comme Jeunet ou encore Wright dans le principe de voix off et le montage assez dynamique dans la présentation du personnage notamment ou dans une scène du chapitre 11 où Aksel mime avec ses bras la batterie dans le morceau qu’il est en train d’écouter. Au-delà de ce dynamisme visuel, ce qui est le plus intéressant dans cette mise en scène est justement dans ces envolées lyriques où elle va toucher au cinéma de genre. On prendra ici principalement deux exemples : les chapitres 5 et 8. Lors du chapitre 5, Julie allume la lumière et toute la ville sauf elle et Eivind se retrouve totalement à l’arrêt. Malgré quelques retouches numériques, Renate Reinsve a déclaré dans plusieurs interviews que la scène était composée de vrais acteurs ne bougeant pas. On observe ici l’amour de Joachim Trier pour l’effet pratique de la mise en scène, ici on ne cherche pas à mettre en place des fioritures et des artifices inutiles mais de revenir à quelque chose de plus concret. Joachim Trier prend ici sa scène au sens littéral et offre quelque chose de nettement plus efficace que le réchauffé de CGI que l’on a l’habitude de voir notamment dans le cinéma hollywoodien. On observe le même principe dans le chapitre 8, où l'on privilégie l’effet pratique aux effets spéciaux comme l’a affirmé Renate Reinsve en interview (par exemple au niveau du plan où elle tombe sur le sol après le début de son trip). En plus de privilégier des effets pratiques, cette scène déborde d’inventivité, utilisant entre autres la difformité et le mix entre l’animation 2D et la prise de vues réelle ou bien tout simplement un court passage animé. Le chapitre s’appelle à juste titre “le cirque narcissique de Julie” puisque la caméra à l’intelligence dans la mettre au centre tout le long et c’est lors de ce trip qu’elle se rend compte de certaines choses fondamentales (ce n’est pas pour rien si Aksel revient dès le chapitre suivant).

Chapitre 7 : Le triangle amoureux : le véritable amour de Julie


La transition est idéale puisque j’aimerai ici développer une des interprétations du film qui me tient le plus à cœur. Bien que Julie ait 2 véritables relations dans ce film, l’amour de sa vie est et restera Aksel et on peut éventuellement aller plus loin en disant qu’elle n’a jamais ressenti d’amour véritable pour Eivind. La scène clé est évidemment le chapitre 5, dans lequel elle décide de quitter Aksel pour Eivind. La première chose intéressante que l’on peut relever est la scène où Julie va le retrouver dans le quartier du Barcode. On peut souligner au passage, l’aspect symbolique de tourner dans ce quartier que l’on voyait en construction dans Oslo 31 Août mais ce n’est pas ici ce qui nous intéresse. Leur “romance” se passe lors de la fameuse scène où toute la ville est à l’arrêt et ce n’est pas anodin. On peut premièrement se poser la question de la véracité de la scène : a-t-elle vraiment lieu ou est-ce un fantasme dans la tête de Julie ? Parlons du cas où ce serait un fantasme : “Idée, représentation imaginaire suggérée par l'inconscient.”, telle est la définition d’un fantasme. On retrouve ici la notion de l’imaginaire donc qui n’est pas réel et dans le cas où la scène entière serait un fantasme, cela voudrait dire que les sentiments de Julie le seraient aussi. Julie serait par conséquent plus attirée par l’idée de cette relation avec Eivind qu’Eivind lui-même. Les seuls moments de véritable amour entre les deux seraient donc le fruit de l’imagination de Julie, preuve qu’elle n’aurait pas de véritable attirance sentimentale pour lui. Mais soit, écartons cette hypothèse et partons du principe que cette scène se déroule vraiment dans l’univers du film. Comme mentionné plus haut, cette scène vient toucher au cinéma de genre et au registre du fantastique. “Qui est créé par l'imagination, ou semble tel.”, on retrouve ici une racine et une définition extrêmement semblable au fantasme et on peut aisément retomber sur les mêmes conclusions. L’amour de Julie pour Aksel est bien existant, ancré dans une réalité bien tangible tandis que son attirance pour Eivind se base sur des scènes imaginées. Petit détail mais pas des moindres, le film ne dit à aucun moment qu’elle tombe amoureuse d’Eivind ce qui est le cas pour Aksel avec la voix-off. La suite du chapitre 5 n’en est que plus révélatrice, Aksel lui parle très franchement et annonce déjà la suite du film : “tu réalises ce que tu es en train de détruire ?”, “Tu le regretteras un jour”, “Tu comprendras que ce qu’on avait là c’était unique [...] Personne ne se parle comme on se parle. Personne ne rigole comme on rigole”. Julie quant à elle, semble parfaitement consciente de ça mais également sûre d’elle dans son indécision. Le fait qu’ils fassent l’amour et surtout que Julie reste pendant longtemps après l’annonce de cette rupture pour le consoler en dit long sur l’attachement qu’ils ont l’un pour l’autre. C’est quelque chose qu’on ne retrouvera pas dans sa relation avec Eivind et c’est pour cela que le chapitre 7 va sonner aussi faux. Car oui, cette idée est restée coincée dans ma tête : “le chapitre 7 sonne faux”, et puis j’ai percuté d’un coup au revisonnage. Ce chapitre est centré sur le sexe et non sur les sentiments ce qui est tout le contraire que dans sa relation avec Aksel. Son attirance pour Eivind n’est que charnelle et le chapitre 2 nous le montre très bien, il s’agit plus d’un désir sexuel qu’autre chose. Je préfère préciser que ce n’est pas ici un jugement moralisateur mais une constatation, c’est une attirance tout à fait respectable mais le but de ce chapitre est de déterminer le véritable AMOUR de Julie. A mon humble avis, le titre du chapitre 8 “Le Cirque Narcissique de Julie” peut être associé à sa relation. Le mot “cirque” a évidemment une connotation péjorative ici ainsi que le mot “narcissique”. Julie “en fait toujours trop” (pour la citer) et on se doute que c’est en quelque sorte ce qu’il s’est passé ici. A cause de ses délires narcissiques et de ce “Bad Timing”, Julie vient gâcher la relation qu’elle a déjà, le nom en lui-même “Bad Timing” sous-entend que la période n’était pas bonne entre les deux pour être ensembles mais qu’ils sont néanmoins destinés à l’être. C’est malheureusement un amour impossible à cause de la maladie d’Aksel et il semblerait que le timing ne soit jamais le bon pour eux…

Et cela se ressent mine de rien dans sa relation avec Eivind, elle est préoccupée par Aksel et n’a pas de véritable dialogue avec lui ce qui fait que tout éclate pour un rien (par exemple le texte de Julie qu’Eivind trouve dans la poubelle). Il n’y a ni communication ni effort de communiquer hormis après le trip où Julie dit être “enfin elle-même”, preuve qu’elle n’arrivait pas à s’assumer avec lui contrairement à sa relation précédente.

Aksel se sachant au bord de la mort, lui avoue qu’elle a été la relation la plus importante qu’il a eu et qu’elle a été l’amour de sa vie. Il est très difficile d’interpréter la réaction de Julie : on ne sait pas si elle pense pareil ou encore si elle est consciente que c’est le cas pour elle aussi. Car oui, bien qu’elle garde le silence suite à la remarque d’Aksel, on peut conclure au vu de tout ce que l’on a pu citer que Julie et Aksel sont bien les deux personnes à sortir de ce trio amoureux. On ne prendra même pas la peine de citer le chapitre 12, aussi déchirant que magnifique surtout dans les remarques d’Aksel.

Ce que j’aimerai en revanche citer pour terminer d’appuyer mon propos est l’épilogue, en effet sur le tout dernier plan du film, lorsque Julie travaille à son ordinateur, le réalisateur nous offre un plan large de côté qui dévoile un portrait du Linx, personnage créé par Aksel, et de sa femme. Ce tableau montre bien le caractère infini et naturel des sentiments qui montre bien qu’Aksel est le bon, et que même la mort ne suffira pas pour l’éloigner du cœur de Julie qui, dans cette épilogue, semble en paix avec elle-même. Elle accepte immédiatement la nouvelle relation d’Eivind alors qu’il vit la raison pour laquelle il l’a quittée (avoir un enfant). Ses retrouvailles avec Aksel l’ont changé en profondeur et Renate Reisnve nous le fait ressentir, de par une nouvelle coupe de cheveux mais aussi quelque chose de différent dans l'expression faciale et l’assurance.

A mon sens, le fait qu’Aksel soit le véritable amour de Julie crée une émotion énorme qui nous touche dès le premier chapitre lors des revisionnages car on connaît la suite des événements. C’est également le plus romantique et celui qui dit les choses les plus belles à Julie ce qui décuple ces émotions surtout dans la partie où il est malade.

C’est lorsqu'on risque de perdre les choses qu’on comprend leur valeur et c’est pour notre plus grand malheur ce qu’il se passe entre Julie et Aksel. Elle prend malheureusement trop tard compte de son attachement et son amour envers lui qui sont pour le coup, bien présents.

Chapitre 8 : Un film paradoxalement féministe


Comme tous les films de Joachim Trier, Julie (en 12 chapitres) est écrit par son réalisateur et son ami Eskil Vogt, qui sont donc deux hommes. La volonté initiale de Joachim Trier était d’écrire un premier rôle pour Renate Reinsve et c’est de par cette démarche qu’est né ce bijou qu’est le scénario de Julie (en 12 chapitres). La principale intéressée l’a dit elle-même, elle a été surprise de la justesse du scénario quand elle l’a lu et était surprise d’avoir un personnage féminin aussi bien écrit. Le premier point que l’on peut relever semble basique mais il en révèle énormément : tous les chapitres sauf le 6 sont filmés du point de vue de Julie. Elle en est le centre mais pas seulement, tout est filmé de son point de vue. On se concentre sur ses relations, ses hésitations, sa vie et cela offre des moments rares au cinéma comme la scène de sexe dans le scène 5, où on va à l’encontre de l’habituel cliché de l’homme qui regarde la femme après le sexe et le départ de Julie offre une scène de nue à Anders Danielson Lie qui se retrouve à découvert, car tout est filmé du point de vue de Julie. Le film aborde aussi des questions féministes dès le chapitre 1, lorsque Julie expose ouvertement le fait qu’elle trouve que l’on ne parle pas de choses comme le désir féminin, les femmes fontaines et une dernière chose dont je peine à me souvenir. Lors de cette scène on observe un délice de dialogue lorsque Julie dit des phrases comme “Si les mecs avaient leur règles on ne parlerait que de ça”. Elle confronte directement le spectateur avec des questions très modernes usuellement considérées comme tabou. Un autre exemple de cela est le chapitre 3, intitulé “une fellation à l’ère #MeToo” qui met en scène Julie, écrivant un article sur la façon dont elle aime les fellations. Les mots viennent à Julie d’une manière la plus naturelle possible et le fait que son article fonctionne autant par la suite veut tout dire. Le regard que porte le film sur ce personnage est aussi intéressant à relever, Julie n’est jamais jugée, malgré les conséquences de ses décisions qui blessent des gens, elle n’est jamais jugée. On voit de plus en plus passer sur les réseaux sociaux des gens qui traitent Julie de “connasse indécise”, ce qui n’a pas lieu d’être. Il faut faire preuve d’une certaine arrogance pour se placer au dessus d’elle et elle ne serait assurément pas jugée si elle était un homme. Le féminisme de ce film est incroyablement efficace et juste, car il n’est pas le sujet du film. Dans d’excellents films comme Promising Young Woman ou encore Moxie, on peut reprocher un côté un peu forcé de la chose car le film se concentre essentiellement sur ça. Tous les événements du film se concentrent sur cela et il est plus facile d’en faire un peu trop et de passer à côté de la subtilité. Ici, le féminisme résulte principalement dans la caractérisation du personnage et est amené de la manière la plus naturelle possible; ce qui ne fait que décupler ce que le film transmet. Ainsi, ce film écrit par deux hommes arrive paradoxalement à être une représentation féministe juste en raison de son naturel.

Chapitre 9 :Une musique sublime au service de l'action


Julie (en 12 chapitres) fait le choix de s’appuyer essentiellement sur des musiques déjà existantes pour délaisser les compositions originales ce qui pourrait être un défaut mais qui se révèle être un choix intelligent. A l’instar d’In The Mood For Love, le film choisit de répéter la même musique dans les moments importants. Certes, ce choix est moins appuyé que dans le film de Wong Kar-wai, qui s'appuie sur cette musique pour mettre en scène. Julie (en 12 chapitres) fait l’inverse en mettant la musique au service de la mise en scène, l’amenant d’une manière plus naturelle et discrète pour appuyer ce qu’il se passe à l’écran. On peut citer les très émouvantes chansons Solêr et Wersailles (Planner) qui viennent appuyer sur l'énorme émotion que le film transmet. Le choix de ces chansons est aussi intéressant pour les paroles, on peut citer notamment la scène de la batterie dans le chapitre 11. La musique Back To Dungaree High est très significative dans ses paroles “it’s just a way to stay alive boy, It's such a trip just to survive”, symbolisant ainsi l’état d’Aksel à ce moment-là, ayant des difficultés à transmettre son héritage alors que la mort approche. Il se tourne pour cela vers la culture, dont fait partie la musique et la nostalgie de ce qu’il a connu comme les disques ou encore les vidéos clubs. La musique, les livres, les vieux filment provoquent chez lui de la nostalgie, ce qui va par conséquent impacter le spectateur. De la même manière que ça l’est pour l’esthétique, ce qui est recherché ici pour la musique est le sens, peu importe la beauté ou non des chansons (évidemment subjectives) mais on cherche ici à faire ressortir le sens, qui vient appuyer l’action. On peut également relever la pluralité des registres musicaux, qui semble coller avec la pluralité des registres cinématographiques et surtout qui semble marquer cette indécision et hésitation des personnages et en particulier Julie.

Chapitre 10 : Un film qui réinvente la comédie romantique en l'ancrant dans quelque chose de contemporain On observe depuis un petit moment de nombreux films qui tentent de réinventer le film romantique, on peut évidemment citer In The Mood For Love, Eternal Sunshine of The Spotless Mind, [500] Days of Summer ou encore Her. Le fait est que Julie se place comme digne héritier de ces expérimentations en proposant à son tour la sienne. Le découpage en chapitres est malin, marquant bien les différentes étapes de la vie de Julie et dressant à chaque fois un bilan sur son état d'esprit, ses sentiments et ses envies. On passe à côté de tous les clichés que l’on peut voir dans différents films romantiques, rien ne semble se passer comme prévu, le destin n’est pas présent et dans le cas où il le serait, ce n’est pas dans le cas où on pourrait l’imaginer. On observe une certaine forme d’inéluctabilité, symbolisée ici par Aksel, par sa mort mais aussi par ses propos lors de la rupture. Rien n’est simple dans ce film, rien n’est niais, le destin ne fait que desservir les personnages, et pourtant le pessimisme n’est pas omniprésent. Julie (en 12 chapitres) est une leçon, qui marque par la complexité de son action et des personnages en s'ancrant dans une réalité bien concrète. Ce qui m’amène à un autre point de mon raisonnement, Joachim Trier a fait un film de 2021 et il ne cherche pas à s’en cacher. On observe une forte influence des réseaux sociaux, d’abord dans les études de Julie (prologue), ce qui la conduit à abandonner pour un temps les réseaux sociaux. Mais elle finit par s’y reconnecter, inéluctabilité de notre époque, et cela a un fort impact dans ses relations amoureuses. Le premier acte concret qu’elle accomplit est la publication de son article, dont le succès a été nettement amplifié par les réseaux sociaux. Lors de sa relation avec Eivind, elle est bloquée sur le profil Instagram de son ex, en raison d’une certaine forme de jalousie. L’ex d’Eivind est par ailleurs, une bonne représentation “d’influenceuse” de nos jours, mixant le profil Instagram fitness et l’activisme écologique en un personnage. Le film a même l’intelligence d’aborder la pandémie dans son épilogue, toujours tout en subtilité ce qui permet au film de s’ancrer définitivement dans cette époque de nos vies. En réalité, chaque chapitre apporte une identité contemporaine au film, il ne serait pas forcément utile de les lister mais il est en revanche utile de se questionner sur la postérité de ce film. Comme nous l’avons abordé auparavant, Julie (en 12 chapitres) aborde des thèmes universels qui feront écho à la vie du spectateur peu importe le moment où il verra. Il est légitime de se poser cependant la question de l’évolution du film dans le temps en raison justement de son appartenance à son époque. Je pense pour ma part que le film ne vieillira pas, le côté universel de la chose l’emportant sur le côté contemporain. Dans 5/10/20 ans, lorsque nous verrons Julie, nous éprouverons cette même nostalgie qu’éprouve Aksel mais cela n'empêchera pas le film de nous parler car nous aurons vécu de nouvelles choses, découvert de nouveaux questionnements et une chose est sûr, le ressenti sur le film sera différent mais tout aussi intéressant.

Chapitre 11 : Place dans la trilogie Oslo Étant dans un cycle, il est intéressant d’analyser la place de Julie (en 12 chapitres) dans cette trilogie Oslo. Malgré son nom, il est assez évident que le sujet principal de cette trilogie n’est pas Oslo. Il s’agit certes du lieu de tournage de ces films mais cependant cela n’est qu’un aspect de surface. Ce qui relie vraiment ces films sont les personnages et leur situation, dans les trois films, on observe des personnages perdus dans leur vie, perdus professionnellement, perdus dans leur sentiments, mais des personnages perdus. Erik, Philip, Anders et Julie sont tous des personnages avançant dans leur vie malgré leurs indécisions et problèmes respectifs. Dans les deux premiers films, le personnage d’Anders Danielsen Lie est le plus impacté, ayant d’énormes problèmes en plus du fait qu’il ne sait pas comment mener sa vie. Le film que je rapprocherais le plus de Julie est bien Nouvelle Donne, principalement en raison de son intrigue amoureuse aussi belle que dévastatrice. L’adoration de Philip pour sa copine Kari le conduit à une psychose qui va l’amener à se faire du mal physiquement. On retrouve déjà en 2006 cette complexité des histoires d’amour, assez différente de celle de Julie (en 12 chapitres) certes, mais tout aussi intéressante. Cette intrigue nous fait dire que Joachim Trier et Eskil Vogt sont doués pour inventer des romances et qu’il se dégage à chaque fois une particularité qui la rend unique. Oslo 31 août est plus un film centré sur la dépression, délaissant un peu le côté romantique mais tout aussi efficace d’une manière assez différente. Ainsi, il va presque de soi d’affirmer que Joachim Trier ne se trompe pas lorsqu’il affirme que Julie (en 12 chapitres) est un mélange de Nouvelle Donne et Oslo 31 août. Le mix entre ce personnage dépressif et totalement perdu et le côté romantique et dévastateur ne suffisent cependant pas à aboutir à Julie car il manque un élément non négligeable : le côté comique. Il est quasiment totalement absent d’Oslo 31 août qui est le film le moins évident à regarder de cette trilogie et un peu plus présent dans Nouvelle Donne sans pour autant atteindre le niveau qu’il a dans Julie (en 12 chapitres). D’un point de vue filmique, on retrouve des éléments de la ville d’Oslo (comme le Barcode) qui ont évolué ce qui amène à une autre évolution notable : celle d’Anders Danielsen Lie. Comme le dit Joachim Trier, c’est quelque chose de magique de voir un acteur évoluer et vieillir sur une longue période comme c’est le cas pour Anders. Il est aussi au centre de cette trilogie et il ne serait pas idiot d’avancer que tous ses personnages sont connectés spirituellement. C’est un des éléments clés de cette trilogie et je ne pense pas qu’elle aurait pu être faite sans lui. Julie(en 12 chapitres) est une sorte de passation, Julie représentant ici le rôle d’Anders dans Nouvelle Donne et Aksel représentant l’évolution et le chemin parcouru depuis 2006. Julie est par conséquent une excellente conclusion à ce cycle qu’est la trilogie Oslo, bouclant la boucle et se rapprochant d’Oslo 31 août. Il s’agit de la meilleure conclusion que pouvait nous offrir Joachim Trier, réalisant ici son chef-d'œuvre et fermant ainsi une période cinématographique entamée avec son premier film en 2006.

Chapitre 12 : La véritable identité de Julie : The Worst Person in the World ? Lors de la présentation du film, une des questions posées à Joachim Trier et Renate Reinsve a été : “qui est le plus Julie entre vous deux ?”. Après un petit moment d’hésitation, les deux ont répondu en rigolant “nous deux !” car oui Julie n’a pas juste un personnage, Julie ne correspond pas à une personne en particulier, Julie est une allégorie, celle de la vie. Le personnage est l’incarnation parfaite de la vie, de ses joies, ses peines, ses complications, ses coups de moins bien et c’est pour cela qu’il est absolument juste d’affirmer que Julie n’est pas une personne en particulier mais bien tout le monde. Tout le monde passera tôt ou tard par les chapitres de la vie de Julie, ou tout simplement par les chapitres de la vie. Et dans cette réflexion on peut supposer que les personnes qu’énervent Julie sont tout simplement ceux qui ne souhaitent pas être mis face à la vie et ses difficultés, chose que le film fait constamment. Julie est bien plus qu’une femme forte de son temps et la traiter de pire personne du monde serait n’avoir pas compris le film. Premièrement par rapport au sens de cette expression “ Verdens verste menneske” qui est utilisée par les Norvégien lorsqu’ils se sentent mal par rapport à quelque chose qu’ils ont fait. Cela ne veut en aucun dire qu’il faut prendre cela au sens littéral bien au contraire, cette expression symbolise juste la pensée de Julie vis à vis d’elle-même, pensée qui est contredite par le film. Il n’y a aucun manichéisme dans ce film, car si on considère cette possibilité, la vie serait manichéenne et ce film serait un des plus misanthropiques et nihilistes jamais faits. Julie n’est pas une mauvaise personne, elle est juste humaine et se confronte aux difficultés de la vie qu’elle incarne parfaitement et c’est en ça que le film arrive à aller encore plus loin que son histoire et c’est une des choses qui le place au rang de chef d'œuvre.

Prologue Vous l’aurez compris, je suis tombé amoureux de Julie (en 12 chapitres), je ne saurai lui trouver des défauts tant il m’a marqué, m’a fait rire, m’a ému et m’a fait pleurer. C’est évidemment le meilleur film de cette année cinématographique exceptionnelle qu’est 2021 et j’irai même au-delà en disant que le film s’inscrit durablement dans le top 10 de mes films favoris de tous les temps. Allez voir Julie pour ces 12 raisons, parlez en à vos proches, allez le revoir, vous trouverez toujours quelque chose de nouveau dans ce film et c’est une chance que nous avons de pouvoir le voir dans une salle de cinéma.


Commentaires


©Et Pourtant Ça Tourne. Tous droits réservés.

bottom of page