SORTIE 1er DECEMBRE - DRAME/JUDICIAIRE - FRANCE - 138MIN
réalisé par YVAN ATTAL
avec BEN ATAL SUZANNE JOUANNET PIERRE ARDITI
Présentation Un jeune homme est accusé d'avoir violé une jeune femme. Qui est ce jeune homme et qui est cette jeune femme ? Est-il coupable ou est-il innocent ? Est-elle victime ou uniquement dans un désir de vengeance, comme l'affirme l'accusé ? Les deux jeunes protagonistes et leurs proches vont voir leur vie, leurs convictions et leurs certitudes voler en éclat mais... N'y a-t-il qu'une seule vérité ? Les Choses Humaines fait parties des sélections des festivals de Venise et de Deauville.
Yvan Attal a depuis 20 ans, alterné les films en tant qu’acteur mais aussi en tant que réalisateur. En 2001, il adapte Ma femme est une actrice, tiré de son court métrage : I got a woman. Il se met en scène avec sa femme Charlotte Gainsbourg et y décrit les avantages et les inconvénients de la vie avec une personnalité connue. En 2004, il revient avec Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants, un excellent film sur la vie de couple et le célibat. Puis vient Do not disturb, le remake du film Humpday de Lynn Shelton en 2012. C'est la douche froide. Son dernier film remonte à 2019. Il réalise l'adaptation du roman Mon chien stupide de John Fante où il retrouve sa femme et son fils Ben Attal. Il tenait déjà un petit rôle dans son deuxième film. Avec cet hymne touchant et sincère à sa famille, Attal utilise le cynisme propre de l'auteur pour révéler la force de l'amour des parents pour leurs enfants. Aujourd'hui, il met en scène son septième film en adaptant le Prix Interallié et le Goncourt des Lycéens 2019 : Les choses humaines de Karine Tuil.
A l'heure de #metoo, Les choses humaines est un grand film sur la justice. Il devient une étude de la société à travers un viol. Celui-ci est divisé en 2 grandes parties. Tout d'abord, nous suivons le point de vue d'Alexandre et celui de Mila. On nous présente donc le cheminement de l’accusé comme celui de la victime. Pour ensuite se focaliser sur le procès et ses plaidoiries.
Le film fait la part belle aux scènes de tribunal, avec la volonté de zigzaguer entre les deux protagonistes, dans l'impossible quête de la vérité. Le film se rapproche de celui de Stéphane Demoustier La fille au bracelet. Les Choses Humaines montre les étapes du système judiciaire, de l’arrestation au dénouement du procès en passant par les consultations médicales pour vérifier s'il y a eu bien rapport sexuel. Rien ne nous est épargné sauf la scène de viol, qui restera en hors champ, dans un local poubelles. Y a-t-il une seule vérité ? La violence est-elle un fait incontestable ou bien une question de ressenti ? À partir de quand peut-on considérer qu’il y a consentement ou qu’il est bafoué ? Le film ne choisit pas un camp plutôt que l’autre même si le procès vient à son terme et que la justice rend son verdict. Le film fait confiance à l’intelligence du spectateur à qui il appartient de se forger une opinion après le dernier plan du film. On est partagés entre suspense, douleur et émotions. Sans aucun doute un des procès les plus passionnants qu’il m’ait été donné de voir au cinéma. Les plaidoiries, menées brillamment par Benjamin Lavernhe et Judith Chemla, en couple dans Le sens de la fête, sont impressionnantes.
Avec le dépôt de plainte, l'emballement de la machine médiatico-judiciaire se met en place. Les dégâts collatéraux sont énormes. La scène dans un café, entre la mère d'Alexandre et le père de Mila est de toute beauté. Il n’y a pas le cruel accusé et la gentille victime. Il y a surtout deux mondes qui s’affrontent. Deux perceptions de la réalité. Alexandre appartient à un univers social qui maîtrise des codes qui ne sont pas ceux de Mila. Pour Alexandre « elle était consentante ». Chacun semble donc avoir sa vérité. L’arrangement financier proposé par Jean, le père d’Alexandre pour éviter un procès qui « risque de gâcher sa vie pour vingt minutes d’action » fout la gerbe. D'ailleurs, Alexandre se plaint de l'accueil qu'il reçoit à son arrivée à l'aéroport. Son père Jean, animateur célèbre de France Télévisions, lui commande un taxi. Jusqu'à son témoignage au procès, il n'entrera pas en contact avec son fils. Au lieu d'assumer son rôle de père, il lui fait envoyer le meilleur avocat de Paris, Bruno Cancel qu'Alexandre se permet de renvoyer dans ses pénates. En effet, il préfère garder le jeune avocat Arthur Célérier commis d'office, présent depuis le début. Le père et le fils n'auront jamais de plans ensemble.
Après La Belle Epoque de Nicolas Bedos, Pierre Arditi hérite une fois de plus d'un très beau rôle. Il vole littéralement l’écran à chaque apparition. La jeune Suzanne Jouannet s’en sort à merveille. Malgré la difficulté du rôle, elle est bluffante. Une nomination en tant qu’espoir aux Césars 2022 est déjà actée. Ben Attal réussit à être agaçant et attendrissant en même temps.
Film de procès où la vérité est multiple.
Il faut dire que le film est plus soft que le Livre. Comprenez vous que certaines personnes détestent le film ?