UN MONDE : PORTRAIT EPATANT DE JUSTESSE DU HARCELEMENT SCOLAIRE
- Thibault (@lecinemadethibault)
- 6 févr. 2022
- 3 min de lecture

SORTIE 26 JANVIER - DRAME - BELGIQUE - 75MIN
réalisé par LAURA WANDEL
avec MAYA VANDERBEQUE GUNTER DURET KARIM LEKLOU
Présentation Nora entre en primaire lorsqu’elle est confrontée au harcèlement dont son grand frère Abel est victime. Tiraillée entre son père qui l’incite à réagir, son besoin de s’intégrer et son frère qui lui demande de garder le silence, Nora se trouve prise dans un terrible conflit de loyauté. Une plongée immersive, à hauteur d’enfant, dans le monde de l’école. Le film est présenté en sélection officielle à Cannes dans la section Un Certain Regard. Il fait partie de la shortlist des Oscars pour le meilleur film international où il représente la Belgique
Ce monde est impitoyable !
Le harcèlement scolaire est déjà passé par la monstrueuse Carrie au bal du diable de Brian De Palma ou encore par l’asphyxiant Respire de Mélanie Laurent. Laura Wandel suit la rentrée scolaire de Nora en CE1 et de son grand frère. C’est très dur de quitter les bras de papa, mais finalement Nora se fera peu à peu des copines. Néanmoins quelque chose la tracasse. Nora est spectatrice des agressions que subit son frère. Tiraillée entre son père qui l’incite à réagir, son besoin de s’intégrer et son frère qui lui demande de garder le silence, Nora se trouve prise dans un terrible conflit de loyauté. Elle en oubliera d’ailleurs ses propres tourments.
Wandel nous rappelle ce que c’est que d’être un enfant tous les jours, dans une cour d’école. Un Monde qui peut-être aussi cruel que celui des adultes. Et c’est assez bouleversant. Toute la violence de la société est déjà là, avec ses codes, sa hiérarchie et ses rapports de domination. Le corps enseignant, l'administration scolaire et les parents sont présents, en périphérie, mais ce ne sont pas eux qui expérimentent et ressentent la dureté de ce "vivre ensemble" qui passe parfois par la peur ou l'humiliation.
La caméra de la cinéaste colle au corps sa jeune héroïne, confrontée au harcèlement dont est victime son grand frère Abel alors, qu’elle effectue sa première rentrée en primaire. On se retrouve à environ 1m20, une hauteur de vue qui facilité l'immersion dans le "monde" des enfants. Le film ressemble parfois à s’y méprendre à un documentaire dans sa façon d’être filmé. Transcrire ce que peut ressentir un enfant, perdu dans une cour d’école n’a jamais paru aussi immense.

Les adultes semblent impuissants face à la cruauté vécue et éprouvée par la fillette et le jeune homme, quand bien même les parents chercheraient à pénétrer l'intimité délétère de cette espace à ciel ouvert filmé comme une prison... Ils sont réduits à des rôles de silhouettes, de présences sonores hors-champ, tellement ils sont loin du drame vécu par cette petite fille.
D'une justesse incroyable dans un rôle pour le moins complexe et exigeant, Maya Vanderbeque est absolument bouleversante … C’est potentiellement l'une des plus belles révélations de l'année 2021. Günter Duret est tout aussi convaincant.
On sait peu de choses sur la genèse de ce film, mais le vécu paraît ici indéniable. Dans un huis clos étouffant, la caméra à l’épaule suit au plus près, - gros plan, et courte focale -, la petite Nora et nous fait partager ses souffrances, ses doutes, son conflit intérieur. Laura Wandel signe un film important et nécessaire.

Les enfants ne se font pas que des cadeaux. Blessures assassines aux conséquences lourdes et difficiles à effacer. Dur et beau comme trois pommes.
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